8.2.18

SAHARA OCCIDENTAL: POUR LE PÉTROLE ET L’URANIUM, LA FRANCE CRÉÉ LE G5 ET SOMME LE MAROC À LA TABLE DE NÉGOCIATION.

par Maître Takioullah Eidda

Nous savons déjà l’importance stratégique des gisements d’uranium pour la France, exploités par AREVA au Niger.
Ce que nous savions moins, c’est l’importance pour elle du bassin de TAOUDENI (retenez bien ce nom), situé à cheval entre le Mali, la Mauritanie et l’Algérie.
Doucement, et comme une araignée, la France a fini par tirer tout le monde dans son filet, à travers une démarche cynique, millimétrée en trois étapes:

PREMIÈRE ÉTAPE: FAIRE TOMBER LE RÉGIME DE KHADAFI ET DÉSTABILISER LA RÉGION

La France a d’abord commencé par s’allier aux Touaregs du MNLA et affirmé publiquement qu’elle ne s’oppose pas à une large autonomie de l’Azawad au Nord du Mali (http://www.afrik.com/article25269.html), profitant ainsi de la générosité, voire la naïveté, des Touaregs.
En fait, son objectif était de soustraire à Kadhafi tous les Touaregs au sein de l’armée libyenne, lesquels empêchaient, par leur bravoure et leur loyauté, Nicolas Sarkozy de faire tomber le régime libyen.
Il ne restait alors qu’à souffler sur la braise des mouvements Djihadistes dans la région, y compris la fourniture d’armes au groupe terroriste Boko Haram afin d’obliger les pays concernés à demander son aide et surtout sa protection (http://www.camer.be/44399/11:1/france-comment-sarkozy-a-arme-boko-haram.html).
Alors, les mouvements Djihadistes embrasent le Mali, le Tchad, le Cameroun, le Niger, le Nigéria et le Burkina, ce qui permettra à la France de revenir en «pompier».
Évidemment, sans état d’âme, elle reviendra sur sa promesse faite au mouvement MNLA relativement à l’autonomie de l’Azawad (http://www.lepoint.fr/monde/pourquoi-la-france-ne-fait-plus-l-unanimite-au-mali-07-06-2013-1677901_24.php) et lancera même plus tard des opérations militaires contre tous les mouvements Touarègues sous le prétexte «passe partout» du terrorisme!
Le 11 janvier 2012, elle intervienne au Mali, supposément pour stopper l’avancée des Djihadistes, anciens alliés, vers le sud.
Opération suite à laquelle, Hollande fut accueilli en HÉRO à Bamako et la France se voit attribuer par le Mali la part du lion de toutes les licences d’exploration et d’exploitation du bassin pétrolier de Taoudéni.
Le ministre malien des mines, Amadou Baba Sy, est allé même jusqu’à signer un décret stipulant la reprise par l’État du bloc 4 du bassin de Taoudéni jusqu’alors opéré par ENI et Sipex (Sonatrach)!

DEUXIÈME ÉTAPE : IMPLIQUER LA MAURITANIE QUI FAISAIT CAVALIER SEUL

Très réticente, la Mauritanie est restée sur la touche durant toute l’intervention française au Mali, ce qui a étonné plus d’un observateur.
Alors, pour s’assurer de son implication, le géant pétrolier français, TOTAL, décide de signer avec elle deux importants contrats: un contrat offshore pour l’exploration d’hydrocarbures sur «le bloc C7», sur une zone de 7.300 km2 dans l’océan Atlantique, et un contrat Onshore « Ta2 » sur une surface de 12.500 km2 dans le bassin de Taoudéni.

TROISIEME ÉTAPE: PROMOUVOIR LA SÉCURITÉ DANS LA RÉGION POUR PROTÉGER SES INTÉRÊTS PAR LES AUTRES.

Voyant les uns affolés de peur pour leurs intérêts économiques et les autres affolés de peur pour leur sécurité, la France a le champs libre devant elle, si bien qu’elle demande, le 6 juin 2017, au Conseil de sécurité de l’ONU d’autoriser une force militaire africaine chargée de combattre les Djihadistes et les trafiquants de drogue au Sahel!! Cette force sera composée des cinq (5) pays de la sous-région: Mali, Niger, Tchad, Burkina-Faso et la Mauritanie, qui a fini par rentrer dans le rang!
Plusieurs pays de ce groupe G5 ont lié, avec raison, cette insécurité incontrôlable, à la persistance du conflit au Sahara Occidental. Ils ont donc demandé clairement à la France de s’impliquer afin de trouver une solution à ce conflit qui dure depuis plus 40 ans.
Chose dite, chose faite! Compte tenu de sa proximité avec l’Allemagne, la France a commencé d’abord par soutenir la candidature de l’ex-Président Allemand, Horst Koehler, au poste d’envoyé spécial de l’ONU pour le Sahara Occidental. Aussitôt nommé, elle le rencontre au plus haut niveau.
Quelques semaines plus tard, elle somme discrètement le Maroc de retourner à la table des négociations, laquelle fut fixée à Berlin.
Et comme un malheur ne vient jamais seul, le Maroc fut lourdement indexé par l’administration américaine de Trump, et ce, pour ses accointances intimes avec Hillary Clinton. Si bien que le gouvernement américain a décidé d’envoyer, au début de cette semaine, une délégation «spéciale» auprès du MINURSO à Lâyoun, au Sahara Occidental, afin de faire un «constat global».

CONCLUSION

Compte tenu de ce qui précède, la reprise aujourd’hui des négociations pour trouver une solution au conflit du Sahara Occidental, n’est ni l’effort du F.Polisario, ni le fruit de ses mascarades à répétition, y compris celles de Guergarett, encore moins au folklore africain à Addis-Ababa.
En fait, cette reprise de négociation n’est que le résultat de l’imagination cynique-opportuniste de la France et de la faiblesse des nos pauvres pays africains, y compris le Maroc.
Pour le reste, qui vivra verra! Mais unr chose est certaine: le Maroc s’est forcé de couper toutes les racines des fleurs, mais il a été incapable d’empêcher l’arrivée du printemps.

Maître Takioullah Eidda, avocat
eidda.avocat[at]eidda.ca
Montréal, Canada.

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